Coline (4ans)

Depuis les vacances de la Toussaint, sa fille refuse de déjeuner avant de partir, se plaint de maux de ventre, jusqu’à parfois vomir. Son médecin traitant lui a prescrit un traitement, qui est actuellement inefficace, tandis que les premiers examens médicaux ne montrent pas problèmes physiologiques.

Coline a une petite sœur de quelques mois et ses parents travaillent tous les deux. Ils partent tôt le matin, rentre suffisamment tard le soir, pour que les journées s’enchaînent à grande vitesse !

Lors du premier rendez-vous, je demande à Coline, si elle sait qui je suis, ce pourquoi elle vient me voir. Elle se montre d’abord timide, puis me dis qu’elle vient me voir parce qu’elle a mal au ventre, mais ne sait pas ce que je vais lui faire.
Je lui explique que nous allons jouer, respirer pour qu’elle apprenne à ne plus avoir mal au ventre.
Je lui demande le déroulement de ses journées, si elle a des copines à l’école. Coline se tait. Un long silence s’installe, avant qu’elle baisse la tête et me dise, que dans la cour de récréation, elle se fait bousculer, taper par ses camarades. Les maîtresses ne l’ont pas vu et elle n’a rien dit. Elle a peur d’aller à l’école.

J’invite la mère à prendre contact avec la maîtresse pour discuter de la situation. La mère a effectivement rencontrer la maîtresse pour lui expliquer ce qui se passait dans la cour, mais également pour lui expliquer, que sa fille faisait de la Sophrologie et que si elle la voyait fermer les yeux ou souffler, ce n’était pas manque de respect vis-à-vis d’elle, ni par fatigue.

Nous élaborons ensemble le protocole qu’elle va suivre, invitant la mère à assister à certaines séances, afin d’aider sa fille à les refaire à la maison.

Objectifs du protocole

• Travail sur la corporalité (séance 1 et 2),
• Gestion des émotions (séance 3),
• Confiance en soi (séance 4 et 5).

Je m’appuie à la fois sur la Sophrologie et sur mes acquis d’Educatrice Spécialisée : démarche Snoezelen.

Protocole

Séance 1

Jeu de la balle : Assise au sol, les pieds collés l’un en face de l’autre, nous nous envoyons la balle à grelot sur l’expiration, puis quand on le souhaite, nous fermons les yeux. A l’issus de ce jeu, je constate que Coline maîtrise sa respiration, mais qu’elle ne ferme pas les yeux : elle me dit qu’elle ne veut pas.

Travail sur la respiration abdominale : Allongée avec un doudou lesté, elle le fait monter, le plus haut possible en gonflant son ventre quand elle prend de l’air, dans son thorax.

Kippic, le petit hérisson : C’est l’histoire d’un petit hérisson curieux de découvrir le monde, et qui se perd à se balader sur le corps de Coline (passage de la balle à picot tout en narrant chaque partie du corps, nous comptons les doigts, et en essayant de percevoir les points d’appui, sensations tactiles agréables ou non).

Je fais exprès d’utiliser une balle, afin que l’enfant puisse imaginer son propre hérisson (forme, texture), tandis que le contact est plus ou moins appuyer sur les différentes parties du corps recouvertes ou non par un vêtement.

Phéno : Dessine-moi ton corps.

Coline ne souhaite pas faire un dessin. Elle dit avoir apprécié l’histoire de Kippic et que « ça faisait des guillis ».
Elle repart avec l’enregistrement de la séance et les balles à grelot et à picot, afin de pouvoir s’entraîner à la maison.

Deuxième séance

La mère m’explique que le matin, elles prennent toutes les deux, 5 minutes pour faire l’exercice avec la balle à grelot. Le soir, avant d’aller dormir et quand sa petite sœur est couchée, elles font la respiration abdominale (avec son doudou pour le faire « sauter ») et quand elles ont plus de temps, elles écoutent l’histoire de Kippic (4 fois en une semaine). Le départ à l’école se fait plus sereinement, mais Coline montre encore des difficultés à rester dans la classe. La mère a rencontré la maîtresse, qui a pris en compte la situation.

Coline et moi revoyons les exercices vus précédemment. Coline arrive à fermer les yeux et se laisse guider par sa respiration.

Histoire de « La plume qui ne voulait pas rester sur le derrière de la poule » : je raconte l’histoire de la plume tout en la passant sur le corps de Coline. Cette séance permet à Coline de vivre son corps dans des ressentis plus légers et de laisser vivre ceux qui lui apparaissent.

Cela lui permet de mieux intégrer sa corporalité, de prendre conscience de son corps dans la détente et de ce qui lui est agréable. 

Phéno : Dessine-moi ton corps.

Coline dessine son corps avec beaucoup de détails, pour une enfant de 4 ans (ses doigts et même ses doigts de pieds sont dessinés !). Elle repart avec son dessin pour l’offrir à son père.

Troisième séance

Le jeu du coussin pour évacuer les tensions, ce qui la gène, dans son corps.

Jeu du coussin lancé au sol, sur chaque expiration, aussi rapidement que possible, pour évacuer tout ce qui nous dérange, tout ce que nous n’avons pas pu dire et tout ce que nous n’aimons pas. Coline lance son coussin, sans un arrêt et avec beaucoup d’énergie.

Puis, exercice du coussin lancer en contrôlant sa respiration, sur le mur, pour prendre conscience et matérialiser l’expiration. Puis, nous travaillons, l’exercice avec le jeu des smileys :

Nous faisons d’abord un parcours dans l’ordre, puis, les images se mélangent.

Coline explique à sa mère (qui n’était pas restée avec nous, lors de cette séance) la manière dont elle respire.

Pour la semaine suivante, Madame doit accompagner Coline à prendre conscience de son état émotionnel, en lui montrant le smiley correspondant à ce qu’elle ressent et faire la respiration adéquate, jusqu’à la détente.

Phéno :

C’est un moment de partage, où les rires sont présents.

Quatrième séance

Coline n’a pas souhaité faire les exercices avec sa mère, cette semaine. Bien que Coline va plus facilement à l’école et reste dans la classe, elle se montre plus « dynamique » à la maison. En outre, elle ne vomit plus et se plaint moins de ses maux de ventre. Son père, qu’elle a sollicité, n’était pas disposé à l’accompagner et Coline s’en trouve affectée.

Nous convenons donc, que le prochain rendez-vous, elle viendra avec son père (qui reste toujours à la maison pour garder sa petite sœur).

Coline retrouve le sourire, et nous revoyons ensembles, les différentes manières de respirer, déjà vu et sous forme de jeux très rapides.
Protocole de la séance :

Nous commençons par un travail sur l’inspiration avec la pipe magique, elle doit sur l’expiration faire danser, le plus longtemps possible, la balle.

Nous partons faire un voyage sur le dos d’une licorne où toutes les respirations sont retravaillées et où Coline apprend à remplir sa tête, son ventre et ses jambes de jolis rayons jaunes, oranges, rouges de chaleur du soleil, afin de rendre son corps plus fort et plus détendu … et surtout, nous allons marcher sur l’arc en ciel aux mille couleurs, où nous sommes les plus grandes et les plus fortes.

Phéno : Dessine-moi ton corps.

Pour cette séance, Coline s’est beaucoup appliquée à dessiner sa licorne, plutôt que son corps. Elle est ressorti souriante et apaisée de la séance.

Cinquième séance

Pour cette séance, Monsieur accompagne Coline, qui se montre ravie et très souriante. Monsieur se montre distend, mais m’explique que cette semaine, Coline a écouté l’histoire de la Licorne, tous les soirs avant de s’endormir et que cela a été difficile à gérer : refus de se coucher avant d’avoir écouter l’histoire, coucher plus tardif … mais, ces parents se sont rendus compte que lorsque Coline faisait sa séance d’elle-même, sans négociations, elle s’endormait plus rapidement et que son sommeil était moins perturbé (en effet, Coline, pouvait avant la Sophrologie se réveiller deux à trois fois, pleurer et ne arriver à retrouver le sommeil). Elle ne se plaint plus d’avoir mal au ventre, le matin et est plus sereine, moins tendue.

Protocole  :

Aujourd’hui, nous jouons avec la Plume : nous essayons avec notre expiration d’envoyer la plume au plafond, puis, de nous la passer avec notre souffle (sans la faire tomber ! Et à ce jeu, Coline s’est montrée plutôt confiante, motivée et arrivait facilement à la donner à son père). En fin de séance, Coline devait fixer un point sur le mur (avec une petite étiquette), et emmener avec son souffle, la plume jusqu’à l’endroit choisi.

Phéno :

Monsieur s’est prêté au jeu, riant tout autant que sa fille. Cela a été un moment d’échange et partage.

Suite à cet accompagnement, Coline n’est plus revenue me voir, car le protocole était fini. Je suis restée en contact avec la famille, encore un mois et demi, pour m’assurer que les séances étaient toujours réalisées.

La Sophrologie s’est invitée au sein de leur famille, tant Coline pouvait écouter les histoires toute seule, où solliciter ses parents pour jouer.

Elle continue sa scolarité, sans difficultés et en ayant suffisamment confiance en elle, pour établir des relations amicales sereines.